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INSTALLATION Il est venu s'installer en France pour faire grandir son activité

À Aalsmeer, Thomas Eveleens a mis au point sa technique « maison » : des micro-boutures racinées d'hortensias macrophylla, à partir de micro-pieds-mères.

Jeune producteur heureux, Thomas Eveleens a relocalisé son entreprise de micro-boutures d'hortensias en France, en 2013. Un choix autant dicté par le coeur que par les conditions favorables offertes sur la zone horticole de Brain-sur-l'Authion, près d'Angers (49).

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De mère française et de père néerlandais, Thomas Eveleens est l'héritier de plusieurs générations d'horticulteurs. Né aux Pays-Bas, il y fait sa scolarité. En dernière année d'études d'ingénieur horticole à Bois-le-Duc, l'école accepte son projet de création d'entreprise. Accompagné par l'établissement et des intervenants extérieurs, il réalise le business plan et fonde, en 2009, à 26 ans, la société Bocause Hydrangea Propagation. L'investissement est toutefois trop lourd pour s'installer en achetant des terres dans le pays. Le jeune entrepreneur se tourne donc vers la location de serre, sur 500 m² à Aalsmeer. Une petite surface, certes, mais qui lui permet de mettre au point sa technique : des micro-boutures racinées d'hortensias macrophylla, à partir de micro-pieds-mères.

Il a peu de frais au départ et s'en sort bien. Trois ans plus tard, en 2012, il se verse même « un salaire plus que correct, que certains jalousent », affirme-t-il. En effet, son but est atteint. Il produit des boutures de qualité pour une clientèle internationale déjà fidélisée. Mais, il y a un hic. La situation n'est pas viable à long terme aux Pays-Bas, il lui faut de la surface, trouver une entreprise plus grosse à racheter.

Reprendre la serre de production familiale dans l'Hexagone

Alors que rien ne se profile à l'horizon, une idée d'enfance remonte à la surface : pourquoi ne pas reprendre la serre de production familiale française angevine ? Autrefois à son oncle, Éric Fargeton, elle appartient alors à la communauté de communes. Elle est occupée par Hortensias France Production, société aujourd'hui à son père, sous contrat de location avec option d'achat. Dans la famille, il a toujours été plus ou moins prévu que Thomas la rachète. C'est donc décidé, le moment est venu de grandir en France. D'autant plus qu'en Anjou, la chambre d'agriculture et Angers Technopole proposent un parcours complet d'accompagnement à l'installation, avec des stages pour le montage du business plan, des dossiers de financement et l'obtention de subventions. Ainsi, 25 % de l'investissement total est apporté par FranceAgriMer et la Banque publique d'investissement (BPI France) au titre de l'innovation technique. Ce qui assure le financement des banques, sans apport personnel, son père ayant par ailleurs 10 % de participations dans la société.

Après 4 ans complets d'exploitation, Bocause réalise en 2016 un chiffre d'affaires de 670 000 euros, emploie 2 salariés à plein temps et jusqu'à 20 en été en contrats saisonniers. La production s'élève à trois millions de micro-boutures et 350 000 hortensias en vert en pots de 10,5 cm par an. Les 2,5 hectares du site abritent 5 000 m² de plateforme en extérieur pour la culture despots et une serre de 1,5 ha, dont 9 000 m² sont reloués à Hortensias France Poduction.

Si le chiffre d'affaires est en hausse par rapport aux objectifs fixés, la quantité est moindre et, en 2017, l'entreprise était un peu juste pour répondre à la demande des horticulteurs. « La part des Français diminue de plus en plus, conséquence de la raréfaction des installations de serre chaude », déplore Thomas Eveleens.En revanche, celle des Néerlandais, premiers clients de l'entreprise, Belges, Allemands ou encore Danois croît rapidement.

En 2018, il prévoit donc de modifier une serre pour augmenter la zone consacrée à l'enracinement et aux pieds-mères et ainsi doubler sa production, si nécessaire, d'ici quelques années. Car, à 32 ans, l'entrepreneur est optimiste, son carnet de commandes est plein. Toute la production est prévendue : des engagementsoraux sont pris sur plusieurs années par ses clients avec lesquels il entretient des relations de confiance depuis ses débuts. Une pratique courante aux Pays-Bas. Si sa double culture est un atout évident dans la réussite de son établissement, son choix de développer une technique innovante pour combler un besoin du marché l'est encore davantage.

Isabelle Cordier

À Aalsmeer, Thomas Eveleens a mis au point sa technique « maison » : des micro-boutures racinées d'hortensias macrophylla, à partir de micro-pieds-mères.

Après quatre années d'exploitation, la productionde la société Bocause s'élève à trois millions demicro-boutures et 350 000 hortensias en vert en pots de 10,5 cm par an.

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